Weta Digital et Sony Picture à la HEAJ.
Une rencontre avec Tom Kluystens à la Haute-École Albert Jacquard à Namur.
Tom Kluystens, spécialiste international des effets spéciaux, rendu célèbre par ses participations à des super-productions telles que la trilogie « Le seigneur des Anneaux », « Spiderman », « Beowulf », « King-Kong », « Charlie et la Chocolaterie », ou encore « Surf UP », sera toute la journée du 21 Décembre à la HEAJ.
Planning : Vendredi 21 Décembre 2007 de 9h30 à 17h00.
09h30: Conférence de Tom Kluyskens
12h30: Pause
14h00: Discussion questions, réponses
16h00: Drink
Liens :
décembre 19th, 2007 à 15:05
Monsieur Wathieu,
Quelle est la différence entre un “infographiste prépresse†qui sort d’Albert Jacquard et un “graphiste†qui sort d’une école comme l’Erg (ou vous enseignez) ou La Cambre ?
décembre 20th, 2007 à 1:49
Hello,
Je vais vous répondre d’un point de vue tout à fait personnel, mais appuyé par mon expérience de prof dans ces deux écoles.
D’abord, il y a des individus : des garçons et des filles qui possèdent avant tout des compétences et des intuitions personnelles qui échappent aux généralités.
Ensuite, il y a justement ces généralités.
Les voici :
un(e) graphiste qui sort de l’Erg :
il/elle a reçu une formation dans une école d’art (enseignement supérieur artistique de type long, niveau universitaire, master, 4 ans). Il/elle a été confronté aux enjeux contemporains de l’art, à l’histoire de l’art et du graphisme : création de signes, écriture au sens large (gestes, outils, supports, typographie, couleur, spacialisation). Dans ce cas, le graphisme se positionne par rapport à l’art, puis en applique l’enseignement à des objets de communication. Pour un(e) étudiant(e) à l’Erg, l’acquisition d’une capacité à créer un graphisme de qualité et l’acquisition d’une capacité à intégrer valablement son travail dans la chaîne graphique sont deux choses différentes. Concrètement, un(e) étudiant(e) sortant de l’Erg n’a pas été initié au graphisme devant un écran d’ordinateur. Je dirai qu’il envisage le graphisme comme un geste spacialisé, symbolisé, puis médiatisé. Sa formation lui permettra de faire face à de multiples situations professionnelles en y déclinant son savoir-faire et sa créativité.
Ses points forts seront : la créativité (expérimentation, recherche), la maîtrise des outils et des supports, la maîtrise des concepts, l’adaptabilité.
un(e) infographiste prépresse qui sort de la HEAJ :
il/elle a reçu une formation dans une haute-école (bachelor en techniques graphiques, 3 ans) dont l’objectif est l’apprentissage technique de logiciels graphiques reconnus, en vue d’une insertion dans la chaîne de production industrielle. Il/elle perçoit l’image (photographie, illustration, typographie, couleur) à travers son affichage et sa gestion à l’écran : image bitmap ou vectorielle, compatibilité des formats, conformité aux conditions techniques d’impression et de fabrication, etc. Ses outils sont essentiellement l’ordinateur, les logiciels graphiques standards, les interfaces et périphériques graphiques. Ses compétences seront basées sur sa capacité à créer et manipuler des images, à réaliser des mises en page, sous forme de fichiers intégrés aux normes de production.
Ses points forts seront : la maîtrise de la chaîne graphique (outils, supports, formats), et dans un contexte soumis aux normes et aux impératifs techniques : l’ingéniosité et une certaine créativité.
J’espère avoir répondu à la question.
Cordialement,
Marc Wathieu.
décembre 20th, 2007 à 20:42
Bonjour,
Merci pour votre réponse :-)
Justement à propos de ces généralités, j’aimerais vous faire part de quelques interrogations ou réticences.
Ma question n’était pas innocente. Elle tient à mon incapacité récurrente à mettre des mots sur le métier de graphiste qui couvre des réalités de plus en plus complexes. Et je dois dire que le terme « infographiste » est venu compliquer la donne.
Comme vous le savez et vous y faites allusion dans votre réponse, l’histoire du graphisme/typographie/design n’a pas attendu l’ordinateur et photoshop pour s’écrire. On l’a bien compris, il me semble, dans les écoles comme l’Erg. La connaissance de cette histoire est évidemment fondamentale parce qu’elle permet de s’inscrire dans un ensemble cohérent. En gros, ça aide à « pas faire n’importe quoi ». Après libre à chacun de la remettre en question.
Quelle est la place de cette histoire dans le cursus d’un étudiant d’Albert Jacquard ?
Le problème, c’est que l’apprentissage et la maîtrise de ces programmes ne peuvent pas être une fin en soi. Ça ne suffit pas. Quel est l’intérêt ? Et après ? Dès le départ, l’horizon semble limité par l’outil de travail . L’étudiant est conditionné parce qu’on ne lui a pas dit qu’il y avait autre chose que son écran et sa souris.
On ramène souvent l’expression du métier de graphiste à des considérations techniques alors qu’il est avant tout intellectuel. Dans l’esprit du public et même des demandeurs, graphiste ou infographiste, c’est kif-kif bourricot. La majorité de la production visuelle papier est à pleurer. Ne pensez-vous pas que ces formations, qui ne privilégient que l’approche technique, y sont en partie responsables ? Est-ce qu’elles répondent véritablement à un besoin, dans un contexte économique et un secteur d’activité difficile où les places sont rares ?
Bonne soirée