Y a-t-il trop d’images ?
Exposition « De Orde Der Dingen / Les Mots Et Les Choses » au MuHKA.
Le MuHKA (Museum van Hedendaagse Kunst Antwerpen) propose actuellement et jusqu’au 4 janvier 2009 l’exposition « De Orde Der Dingen / Les Mots Et Les Choses / The Order of Things », un intéressant parcours parmi des travaux d’artistes basés sur les notions de classement et de banque d’images. Une thématique très pertinente, au moment où la publication exponentielle d’images numériques pose des questions d’outils (conceptuels et pratiques) d’accès, de gestion, et même (très platement) de LECTURE d’image ou d’ensembles d’images.
Une vue de l’expo : Photonotes (2006), une installation de Hans Eijkelboom.
Voir d’autres images sur mon Flickr.
Un extrait explicite du communiqué de presse :
« Le point central de l’exposition est la banque d’images en tant que motif esthétique, méthode artistique et stratégie culturelle – les archives, l’atlas, l’encyclopédie et l’inventaire sont autant de manières de générer de l’ordre dans le déluge vertigineux d’images qui caractérise notre culture contemporaine de l’image. L’Internet, dans ses applications les plus voyeuristes et exhibitionnistes – flickr, google image search, youtube – fonctionne, non sans raison, comme une sorte d’horizon conceptuel sur lequel se détachent diverses Å“uvres d’art et pratiques artistiques. DE ORDE DER DINGEN est en premier lieu une exposition d’images, qui se penche sur la question de l’image, le désir et la soif d’images.
Le titre de l’exposition réfère à la traduction anglaise du célèbre ouvrage du philosophe français Michel Foucault, Les mots et les choses [The Order of Things], dans lequel l’auteur dépeint l’histoire de la science moderne comme un désir d’ordre et d’organisation synoptique ou comme une chimère hantée par la transparence. Les Å“uvres exposées dans DE ORDE DER DINGEN expriment toutes le même désir – parfois de manière assez bizarre et avec une certaine dose de folie bien assumée – d’ordonner et d’inventorier le monde, de le rendre transparent et de lui rendre son agencement synoptique ».
Un texte de Roy Arden, distribué au MuHKA sous forme de carte postale :
« Bien sûr qu’il y a trop d’images inutiles dans le monde. Mais l’idée que la surabondance d’images signifiant qu’il est vain d’en créer d’autres me paraît le raisonnement de quelqu’un qui cherche une solution de facilité. Je crois qu’il relève de la responsabilité de l’artiste de produire les images nécessaires. Comme le démontre cette exposition, les artistes peuvent également analyser et théoriser le vaste monde des images. Alors qu’on pourrait considérer que l’artiste reprend ainsi le rôle du commissaire, de l’archiviste ou du rédacteur, les artistes ont toujours rempli cette fonction – soit mentalement et en privé, soit physiquement et en public. Peut-être que la démonstration de la collection archivistique, de la classification et de l’analyse dans l’art récent reflète la nécessité toujours plus pressante d’une écologie des images ».
Cette exposition est visible du 12.09.08 au 04.01.09.
Sur un thème similaire, j’en profite au passage pour mentionner le projet « Google Earth » de Yorit Kluitman (un jeune créateur énigmatique et discret, apparemment hollandais). Il propose de fabriquer une interface en papier permettant de voir la réalité à travers une page de recherche d’images Google. Sous son aspect anodin et ironique, ce projet présente une collision assez inédite entre les conditions d’extraction d’une image de la réalité (cadrage, temporalité – ici simultanéité, localisation), sa nature physique (impression papier/fichier numérique, interface, métadonnées), et sa distribution en ligne (édition, publication, classement, accessibilité). Une profondeur remarquable.
Le projet « Google Earth » de Yorit.
Liens :
Mots-clés : muhka, Mukha, Anvers, collection, images.
décembre 11th, 2008 à 1:00
Merci!