Mission Eternity : Enter the machine
Ce projet à (très) long terme mené par Etoy.com sera présenté le 06 mars 2008 au Vooruit.
etoy.
Créé en 1994, le collectif suisse Etoy est composé de membres (ou plutôt d’agents, selon leur terminologie) résolument hétéroclites : on y croise évidemment des artistes, mais aussi des ingénieurs, économistes, chimistes ou encore biologistes. Cette variété de contributions donne d’emblée le ton : l’art inclut les technologies, la communication ou la finance.
Révélés notamment par l’affaire eToys (opposant ce collectif à un géant de la distribution de jouets) qui provoqua une véritable levée de boucliers en ligne, Etoy propose des projets souvent ambitieux et activistes (installations, performances, actions), utilisant les armes économiques et médiatiques du monde de l’entreprise (identité froide, plutôt cripsée et très corporate). Sous son image de commando capitaliste et libéral, Etoy manie la provocation par des expériences technoïdes et théâtralisées, pourtant parfois proches (etoy.DAY-CARE, Mission Eternity) d’un certain esprit humaniste.
Mission Eternity.
Le jeudi 6 mars, Etoy viendra présenter son projet Mission Eternity au Vooruit à Gand (B) : une vaste entreprise collectant les traces de personnes disparues sous forme de « capsules » (Arcanum capsule » contenant 50 Mb d’un ensemble d’informations numériques : images, sons, videos, textes, ADN, etc) et dotée d’une communauté en réseau.
Logiciel libre et sépulture.
Face au risque d’obsolescence des technologies utilisées, Etoy a établi un système Peer-To-Peer à base de logiciels libres et des licences publiques, garantissant la perennité des données consultables via un réseau de « mémoire sociale ». Ces données sont en effet stockées et partagées sur les ordinateurs des « angels » (contributeurs, hébergeurs et protecteurs de données). Au delà de ce contenu numérique (compilé en collaboration avec le « futur disparu »), Mission Eternity gère intégralement la « présence éternelle » des défunts : leurs restes biologiques reposent dans une sépulture high-tech. Enfin, un container-mausolée appelé Sarcophagus (tapissé de quelques 17.000 diodes électroluminescentes – LED) sert d’accès « immersif » aux données des disparus, l’ensemble des LEDs formant un écran.
etoy.ARCANUM CAPSULE.
Anges et pilotes.
Les « angels » sont les participants à Mission Eternity. Cette participation peut-être de différentes natures : simple sympathisant, beta tester, contributeur (ingénieurs, juristes), hébergeurs de données, etc. Le réseau constitué par ces « angels » forme un patchwork de données et de services : une communauté sociale en ligne. Les « pilots » sont les personnes qui feront l’objet d’une transposition numérique et du design de la documentation encapsulée. Le premier volontaire (« test pilot ») s’appelle Sepp Keiser, une personnalité suisse de 83 ans. C’est autour de sa participation active que Mission Eternity se concrétise. Lors d’une tournée de présentation de leur Sarcophagus aux USA, les agents Etoy ont approché la famille de Timothy Leary, célèbre chantre de la contre-culture décédé en 1996 (et auteur d’un livre appelé justement Design for dying), dans l’espoir de l’inclure dans Mission Eternity, ce que la famille du défunt a accepté. Ses cendres ont dès lors été inclues dans un « Terminus« , sorte d’urne modelée mélangeant cendres et béton.
Ce projet étonnant est l’occasion, pour ceux qui ne connaissent pas encore leur travail, de se plonger dans l’univers ambigu de Etoy.
Agents de Etoy.CORPORATION à l’intérieur du etoy.SARCOPHAGUS.
Liens :
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