Citysonics 2007
Art sonore à Mons.
La belle ville de Mons a accueilli la troisième édition de City Sonics, évènement dédié au son, sous forme de parcours urbain. Riche et généreux programme, multiple par ses lieux (Festival au Carré, Maubeuge, Luxembourg…) et ses formes (salons d’écoute, concerts, installations, environnements, parcours sonores), plein de découvertes et de premières belges.
Je n’ai bien entendu pas tout vu : une offre si complexe n’est pas facile à suivre… Tout comme pour le festival « Transnumériques » (autre évènement orchestré par l’association TransCultures), on peut se perdre devant la gourmandise affichée par son sémillant directeur artistique Philippe Franck… À défaut d’une vue d’ensemble, je relaterai ici les quelques pièces qui m’ont particulièrement intéressé.
Radio Free Robots.
Très bon choix !! Radio Free Robots produit des émissions de débats entre robots, à propos de problèmes de robots. Au delà de l’approche désopilante de la réalisation (tics verbaux, caractères et mouvements d’humeurs des robots, etc), l’effet produit est très vivant (voire réaliste) et diffuse un réel contenu informatif sur l’actualité et la « sociologie » des robots. On peut regretter l’endroit choisi pour la présentation de Radio Free Robots : le hall de la « Machine à eau », endroit de passage et de transit, n’invite pas le visiteur à réellement s’installer dans la logique de ces incomparables réalisations sonores, ce qu’un salon d’écoute plus confortable aurait sans doute permis.
Lien : http://www.radiofreerobots.com/
Émissions téléchargeables : http://www.radiofreerobots.com/broadcast.php
Todor Todoroff & Fred Vaillant : « Éclats fluides ».
Toujours à la « Machine à eau », un impressionnant ensemble élaboré par Todor Todoroff (compositeur et concepteur d’objets sonores interactifs, notamment pour la chorégraphe Michèle Noiret) et Fred Vaillant (vidéaste et assistant de la chorégraphe Michèle Noiret), motivés par l’expérience d’une première signature commune. L’espace gigantesque est investi par différent éléments de nature et de taille inégale. Une énorme projection muette de Fred Vaillant, très graphique (mouvements ralentis de chorégraphies exécutées notamment par Michèle Noiret, qui décidément semble les réunir) préside visuellement l’espace. À ses pieds, plusieurs remarquables « Theremins » conçus par Todor Todoroff permettent, tout comme d’autres capteurs et détections de mouvements moins visibles, d’actionner ou de modifier un système de production de sons, émis par des baffles répartis dans le vaste espace de l’installation. D’autres interventions (video, interactives ou sculpurales) ponctuent cet ensemble résolument monumental et plutôt éclectique. L’aspect sonore de l’installation, et plus précisément sa capacité d’immersion, m’a paru un peu injustement concurrencé par l’imposante image de Fred Vaillant, hiérarchiquement dominante. Pour explorer et exploiter l’interactivité des theremins de Todor, le spectateur aurait besoin de nouer une relation proche et intime avec ces objets magiques, probablement à l’inverse du registre spatial dans lequel s’exprime le travail spectaculaire de Fred Vaillant. Ceci étant, bardée de nombreuses ressources interactives cachées, l’installation « Éclats fluides » est une création ambitieuse, d’une ampleur rare. On peut cependant se poser la question de sa cohérence, tant ses composants ressemblent davantages à des pièces autonomes juxtaposées qu’aux arguments d’un concept commun et réellement immersif.
Vue d’ensemble :
Un theremin de Todor Todoroff :
La projection de Fred Vaillant :
Liens :
Todor Todoroff.
Fred Vaillant.
Cléa Coudsi & Eric Herbin : « Bien des choses ».
Cette pièce, amusante à consulter et bien résolue, est constituée d’une centaine de cartes postales (consultables recto et verso) qui une fois « ouvertes », déclenchent de courts enregistrements parlés, évocateurs de souvenirs. L’ensemble devient rapidement une sorte d’instrument orchestral ou choral, exécutant simultanément les morceaux choisis par le spectateur.
Fermé :
Ouvert :
Coulisses : la régie de l’installation et la gestion avec Max-MSP.
Pascal Broccholichi : « 2 Hyperprismes » (2007) & « Dessins ULF » (2006).
Déjà présent l’an dernier à Citysonics avec son installation « Sonotubes », Pascal Broccholichi présente cette année une installation constituée d’images de dispositifs sonores imaginaires et de deux énormes diffuseurs sculpturaux émettant du son issus des données constitutives de ces images. De facture soignée, les images 3D, très graphiques et science-fictionnesques, contrastent avec le minimalisme des deux « hyperprismes ». L’ensemble fonctionne assez bien, dans une ambiance paisible et technoïde, teintée de sons « concrets » évoquant les entrailles digitales. Une belle réalisation, empreinte d’un certain zen numérique.
Vues d’ensemble :
Lien : Pascal Broccholichi.
Lynn Pook & Julien Clauss : « Pause » (2005).
Ce dispositif d’écoute est constitué de hamacs confortables et de diffuseurs audio-tactiles. Après s’être déchaussé, le spectateur s’installe : isolé du son ambiant par un casque anti-bruit, il perçoit le son par les diffuseurs disposés sous ses pieds, ses genoux, son dos, sa nuque, ainsi que par un diffuseur déposé sur son plexus. Le son est conçu pour émettre des évenements perceptibles tactilement (séquences percusives, etc). Le son ambiant (textures) est perçu de manière résiduelle, à travers le casque anti-bruit. Les oscillations des hamacs fonctionnent de concert, retransmises à l’ensemble du dispositif par un système de poulies et de ressorts. Une expérience réellement immersive, agréable et surprenante.
Vue d’ensemble :
Les coussins oranges contiennent les baffles :
L’ensemble du système de diffusion audio-tactile est raccordé à une régie-son (logiciel Ableton Live et amplifications) :
Lien : Lynn Pook.
Liens :
août 27th, 2007 à 21:13
l’installation ‘Bien des choses’ avec ses cartes postales qui parlent, cela me rappelle une installation similaire, ‘The Room’ d’A.Demetieva qu’iMAL a produite en 2001, voir http://www.imal.org/alex/
septembre 30th, 2009 à 10:53
[…] Les auteurs. Lynn Pook (DE) et Julien Clauss (FR). Depuis 2003, La plasticienne Lynn Pook s’intéresse à l’art sonore ainsi qu’à la dimension tactile du son et développe le concept d’installations audio-tactiles. Il en naîtra “À fleur de peau” où elle utilise le corps du spectateur comme espace de présentation. Avec l’artiste sonore Julien Clauss, ils créent “Pause” (2005), qui met en réseau cinq dispositifs audio-tactiles (voir un compte-rendu de multimedialab à l’occasion de Citysonic 2007). Pause interroge les influences inter-individus et les possibilités de créer des espaces virtuels à partir du toucher et du son. La suite de cette aventure prend forme sous l’installation Stimuline qui a déjà été présentée entre autre au Festival Scopitone 2008 (Nantes), durant la Transmediale 2009 (Berlin) et à la Maison des Métallos (Paris, 2009). […]