Beyond the picturesque
Remarquable exposition au SMAK à Gand sur la reproduction et la mise en scène de la nature.
Sans être littéralement traduisible (entre pittoresque et pictural), le mot « picturesque » a le don de se fait admirablement bien comprendre : le moment où la nature devient un tableau. Désignant avec raffinement une certaine idée du jardin paysager anglais du 18e siècle, les curateurs Steven Jacobs et Frank Maes tentent de faire le point sur la manière dont les artistes contemporains exploitent et actualisent la notion de paysage. Parmi une intéressante sélection associant des pratiques très variées (peinture, dessin, installations, video, 3D), deux pièces ayant recours à des technologies numériques ont retenu mon attention.
Monica Studer & Christoph van den Berg : Loch (2009)
L’installation Loch (2009) des artistes suisses Monica Studer et Christoph van den Berg, vue à l’expo « Beyond the picturesque » au SMAK à Gand, est constituée d’un décor et d’un dispositif de prise de vue (caméra). Un podium invite le visiteur à se positionner, un peu malgré lui, dans l’angle de la prise de vue. Un écran lui révèle le point de vue de la caméra, créant l’illusion d’un paysage de montagne. Basée sur un principe connu et plutôt ludique, le résultat surprend par la qualité de l’image (avant-plan et profondeur, dimensions du décor conçu sous forme de tunnel) soulignant l’étrange réalisme obtenu par des moyens artificiels (images 3D mappées sur des volumes), et par son parti pris d’une vision idéalisée de la montagne. Plus généralement, la pratique de Monica Studer et Christoph van den Berg est orientée vers des questions de représentation (statut de l’image, crédibilité, illusion, naturel/artificiel) par des moyens numériques (voir notamment leur site « Vue des Alpes« ).
Olivier Lutz : Landscape (2009)
Un tryptique de grande taille, entièrement noir, un système de vidéo en circuit fermé contenant quatre caméras et quatre moniteurs. La vision infrarouge des caméras de surveillance permet de révéler la peinture cachée sous la couverture de pigment noir. Les images filmées de Landscape, diffusées sur quatre moniteurs avec pour certaines d’entre elles un retard temporel, créent un rapport complètement distordu entre la perception de la réalité par le spectateur et la révélation du résultat ainsi traités par le circuit vidéo. Voir un article sur un autre travail utilisant une approche identique.
Liens :
À propos de Monica Studer & Christoph van den Berg, Claude Le Berre me signale cet enregistrement vidéo de l’exposition « Hotel Vue des Alpes » (24 mai au 27 août 2006), qu’il a réalisé au FRAC Alsace (France).
Voir la vidéo : http://www.archive.org/details/hotel_vue_des_alpes :